Tragédie funeste pour l'ours polaire

On a beau l'entendre, le fait de le voir de ses propres yeux fait l'effet d'un électrochoc : les ours polaires meurent à petit feu, de faim car la banquise est de plus en plus réduite et morcelée en été.

Septembre 2013 : je suis parti à bord du Polaris avec des clients pour une expédition à la recherche des ours polaires. Un rêve de gamin ! A cette saison, la banquise ne ceinture pas l'archipel et c'est normal, elle ne se reforme que courant novembre. Mais ce qui était particulièrement inquiétant, c'est qu'il fallait monter au-delà du 82°N pour trouver une banquise peu épaisse, morcelée... du jamais vu selon les spécialistes !

Beaucoup d'ours sont en quelque sorte piégés sur les îles où ils jeûnent  pendant 3 mois avant de retrouver la banquise : ils sont en mode "économie", à dormir une grande partie de la journée, à gratter le sol à la recherche d'herbes ou de lichens ou pour les plus chanceux, et les plus résistants, à chasser les phoques qui se reposent sur les morceaux de glace en front de glaciers. Mais de plus en plus, on découvre des animaux chétifs, très affaiblis, sur le point de mourir. Nous sommes tombés sur cet ours errant sur le littoral dans un état pitoyable, nous avions le coeur serré de voir cet animal dans un tel état physique, proche de la mort. Ailleurs sur un îlot, nous avons découvert ce cadavre d'ours, certainement mort de faim également.

Ce qui fait froid dans le dos, c'est que le processus de réchauffement climatique s'emballe et s'accèlère beaucoup plus vite que ce que présagaient les scientifiques. En septembre 2012, la surface totale de la banquise n'atteignait plus que 3,4 millions de kilomètres carrés contre une moyenne de 7,5 millions de kilomètres carrés à la fin de l'été sur la période 1979-2000. Les projections pessimistes prévoyaient une disparition totale de la banquise en été autour de 2040, mais à ce rythme la banquise estivale ne pourrait être qu'un lointain souvenir d'ici 3 à 5 ans !

Plus de banquise estivale en 2017 ! Cela veut dire que les jours sont désormais comptés pour l'une des plus belles espèces de la planète, l'ours polaire...